“Ma rencontre avec La Bruyère” Par Céline Beauchet, Complice en Thérapie Florale

9 février 2022

4 min de lecture

Je parle, je parle, je parle... mais pourquoi personne ne m'écoute ?

Il me semble que depuis mon enfance, avec les membres de ma famille, les copines, les collègues, les voisins, les commerçants, les adhérents des multiples associations auxquelles j’adhère, celui qui attend son train sur le quai de la gare, celle qui fait la queue devant moi à la boulangerie, les amis de mes amis, … bref, tout le monde y passe : j’ai besoin de parler.

On m’attribue même une jolie voix de choriste, autre façon d’utiliser mes cordes vocales.

Et oui, mais plus je parle et plus j’ai le sentiment d’être pénible. Mes filles ne se privent pas de me le faire remarquer gentiment : je saoule les autres avec mes blabla…
Je sais qu’elles ont raison et les remercie de leur franchise.

Ce que je dis semble intéresser mes auditeurs, mais trop c’est trop. Si au moins j’arrivais à synthétiser mes réflexions ! Mais non, j’ai besoin de donner tout un tas de détails inutiles. Alors je monopolise l’attention.

Et puis je sens bien que je n’arrive pas à être dans l’écoute réelle. Je ne me retrouve pas dans ce verbiage et j’en suis navrée. Je culpabilise, mais rien à faire, à la moindre occasion, Céline blablate…
Pour quelqu’un qui se forme à l’accompagnement de l’autre, c’est peu commode.

Je ne comprends pas pourquoi c’est plus fort que moi et j’en souffre.

Alors que j’évoque ce comportement qui me nuit, l’élixir floral de la Bruyère – Heather m’est proposé. La description de son tempérament fait écho en moi. Mais oui, c’est exactement moi : la Bruyère s’étale le plus possible, quitte à envahir son environnement. Ses petites fleurs sont discrètes, mais si nombreuses qu’elles couvrent le sol. La plante cherche à irradier de sa couleur chaude comme pour attirer les regards.

Elles vivent en colonie, bien serrées les unes contre les autres. L’isolement et la solitude n’a pas sa place parmi ces fleurs.
Et voilà, le mot est lâché : la solitude. C’est elle dont le sentiment me ronge à l’intérieur. Je ne m”en étais pas rendu compte. Pire que cela, je suis à l’initiative d’un contexte de vie où je me suis volontairement isolée, alors que c’est de la solitude dont j’ai le plus peur. Ne pas pouvoir partager tout ce que je vis, ce que je sais, ce que je découvre me fait souffrir. Je ne me sens pas écoutée et parle désespérément dans le vide.

Alors je prends cette essence pendant quelques jours et à chaque fois qu’elle m’appelle. La prise de conscience de ma peur de la solitude, à l’origine de mon besoin de m’exprimer, m’apporte d’emblée une guérison importante. Je comprends enfin le sens de mon côté volubile et cela m’apaise. Je ne ressens plus la culpabilité. J’accueille cette part de moi. Peu importe l’origine de ma blessure, je sais maintenant qu’elle existe.

Je câline mon petit enfant intérieur, qui réclame douceur. En ai-je manqué ? Je ne me souviens pas. C’est tellement doux de se prendre dans ses propres bras. Plus je m’apporte ce dont j’ai besoin, moins je suis en attente des autres pour le combler.

Mon discours devient moins virulent et je peux enfin être dans une véritable écoute bienveillante.

Heather est la première fleur qui m’a aidé dans ma transformation. D’autres lui ont succédé. Cela fera l’objet d’un autre récit de rencontre…